L'interview avec Giulio de Vita

Giulio de Vita, le dessinateur de la série "Kriss de Valnor", a accepté de répondre à quelques questions liées à son travail sur "Les Mondes de Thorgal". C'est la deuxième entretien avec Giulio sur Thorgalverse. La première on peut trouver ici (seulement en polonais). Voici ce qu'on a réussi à apprendre de lui cette fois:

Après quatre albums de "Kriss de Valnor", comment vous sentez-vous dans l'univers de "Thorgal"? Qu'est-ce qui a changé depuis le début?

Notre équipe de travail est devenue plus familière, on se connait bien, on a une confiance complète l’un de l’autre. Les relations sont beaucoup plus claires comme les rôles. Tout le monde est engagé pour apporter des suggestions et enrichir, si possible, cet univers.

Qu'est-ce que vous avez trouvé le plus difficile à dessiner en travaillant sur les quatre scénarios de "Kriss de Valnor"?

Les chevaux. Quelqu'un a dit que les choses les plus belles au monde sont les femmes et les chevaux, pour leur harmonie, élégance et complexité. Et pour cette raison ils sont aussi les plus difficiles à dessiner.

Avez-vous l'influence sur le scénario quand vous le recevez d'Yves Sente et vous commencez à travailler là-dessus?

C’est évident, toute l’équipe donne son opinion sur les scénarios et sur les dessins.

Vous écoutez la musique pendant le travail?

Oui, normalement j’ecoute des bandes sonores de films, qui m’aident à me baigner dans l’atmosphere de l’album. Ou j’ecoute du jazz ou de lounge music. Aujourd’hui j’ecoute la musique par ordinateur par Spotify ou les webradios thématiques sur Tunein.   

Dans "La Jeunesse" Roman Surzhenko a décidé de faire la mise en couleur par lui-même. Vous n'aimeriez pas l'essayer vous aussi ou préférez-vous que Graza fasse son travail?

Je n’aime pas mettre les couleurs, il m’est beaucoup plus simple et plus naturel de dessiner. La mise en couleur pour moi est fatiguante et je trouve aussi qu’il y a des coloristes qui peuvent la faire beaucoup mieux que moi. Peut-être un jour quand j’aurai trouvé une juste technique qui me permet de dessiner avec les couleurs. Le grand Grzegorz ne l’a fait qu'au 29ème album de "Thorgal".

Roman et vous, vous envoyez vos propositions pour les couvertures à Grzegorz Rosinski et c'est lui qui décide laquelle choisir. Roman les fait en couleur et l'une de ses propositions est en effet devenue la couverture finale de "La main coupée du dieu Tyr". Avez-vous envisagé de peindre une couverture ou vous préférez le crayon à la brosse?

J’ai un grand respect et une grande confiance pour le procès créatif. Chacun de nous a son propre talent. Nous tous avons notre propre vision et notre façon de travailler. Grzegorz a plus d’experience et il est le maître entre nous. Il doit avoir toute la liberté pour interpréter selon son énorme talent et sa personnalité mes suggestions pour en faire une de ses magnifiques et célèbres couvertures peinte à l’huile, de vraies oeuvres d’art qui ne peuvent être humiliées à de simples exécutions esthétiques ou mécaniques. La proposition de couverture est une idée, une suggestion, un flash, un moment, mais c’est lui, l’artiste, qui va finaliser et réaliser la couverture. Le plus précise sera ma proposition, le moins de liberté creative Grzegorz aura pour apporter ses coups de génie. C’est ce que je voudrais si j’étais à sa place.

Vous avez fait une sorte de "truc" avec la couverture de "Digne d'une reine". Comment il vous est arrivé l'idée de changer un peu la peinture de Grzegorz Rosiński?

Il n’y a aucun "truc". Dans la couverture définitive réalisée par Grzegorz, la taille du bâton que Kriss a dans sa main ne correspondait pas à l’interieur de l’album. Il était plus simple de corriger la couverture une seule fois que toutes les planches dans la BD. De commun accord avec Grzegorz, Piotr Rosiński qui suit la maquette et la ligne esthétique de toute la collection, et de l’éditeur on m’a accordé le droit de réduire la taille de ce bâton sur Photoshop et en profiter pour mettre au point certains autres détails. Toutes les décisions sur "Les Mondes de Thorgal" sont prises en commun accord entre l’éditeur, le créateur et les auteurs et tout le travail passe aves les approbations croisées de toute l’équipe. Corriger planches, textes, maquette et couvertures jusqu’au le dernier moment est aujourd’hui normal.  

Dans "Alliances" il n'y a pas beaucoup de scènes de batailles, mais la couverture de l'album suggère qu'il y aura une bataille spectaculaire victorieuse. Pourquoi avez-vous eu une telle suggestion pour cette couverture?

Dans l’album il y a une bataille. Une bataille qui déclenche tous les événements qui portent aux "alliances" du titre. C’est l’essence de l’histoire. L’image de la couverture ne doit pas nécessairement être fidèle à ce qu'on voit à l’intérieur de l’album, mais peut être une interprétation et une synthèse de l’idée générale de l’album. En ce cas c’est l’image d’un accord d’alliance.

Comment vous sentez-vous en dessinant de plus en plus personnages créés par Rosinski? Au début, c'était seulement Kriss, puis Sigwald, maintenant il y a Jolan et ses amis...

Je suis toujours au service du scénario, c’est la règle que je me pose chaque jour quand je m'assieds evant la table de dessin. Dans "Les Mondes de Thorgal" je rends  mon talent et ma créativité à disposition de l’univers créé par Rosiński. C’est un plaisir et un honneur pour moi de servir les personnes qui sont entrées dans la mythologie de la BD.

Dans "Alliances" vous avez aussi dessiné de nombreuses cases de rétrospections, en redessinant les dessins de Rosiński. Pensez-vous qu'il est nécessaire de reraconter certaines parties de "Thorgal" dans "Kriss de Valnor"?

Au début, le scénario d’Yves Sente proposait de refaire les mêmes cases dans les mêmes cadrages que Rosiński avait dessinés dans la série principale. Je trouvais ça risqué et pas assez stimulant. D’un côté parce que on aurait fait contents les lecteurs qui toujours critiquent mon dessin parce qu'il n’est pas celui de Rosiński. De l’autre, parce qu'on reprend les mêmes moments déjà racontés dans "Thorgal", mais vus et racontés d'un autre point de vue. On a donc trouvé l’idée très amusante de dessiner les mêmes moments en contrechamp.

Pouvez-vous me dire, s'il vous plaît, pourquoi Jolan et ses compagnons ont tellement grandi sur vos dessins? Je pense que le temps ne passe pas si vite... Dans "Bateau sabre" ils étaient juste des adolescents, maintenant Jolan est aussi grand que Kriss.

Il a des bottes qui lui font gagner des centimètres.

Je suis aussi très curieux au sujet de cette séquence, où Kriss joue avec des briques en bois avec des lettres sculptées, en découvrant l'identité de TALJAR SOLOGHONN. Pourquoi avez-vous décidé d'utiliser l'alphabet latin et non les runes?

Il est évident que l’alphabet runique n’est pas exactement ce que tous les lecteurs de BD connaissent aujourd’hui. L’effect de la suspense et de la surprise se serait cassé si on avait dû mettre une traduction en bas de l'image qui n’aurait voulu dire rien pour les 99% des lecteurs. C’était une solution plus lisible et la lisibilité est la première règle de la BD.

Comme Le Lombard a annoncé, il y aura 4 autres albums de "Kriss de Valnor" publiés avant la 36e album de "Thorgal". Cela signifie que vous avez un peu de travail et des plans spécifiées pour l'avenir...

Exactement.

Vous travaillez sur quelque chose d'autre que "Les Mondes de Thorgal"?

Oui, sur beaucoup de choses, la BD n’est qu'une seule des mes professions. Je suis en train de tourner un documentaire, publicitaire, je suis opérateur culturel, je suis papa, inventeur et… astronaute!… Je le jure, j’ai menti seulement sur "astronaute".

Pouvez-vous dire quelques mots sur votre projet "Lemuri le Visionnaire"?

"Le Visionnaire” est un projet que je vais réaliser l’année prochaine comme l'auteur complet en BD. Il est né comme le spectacle musical, dont j’ai dessiné les scénographies et les costumes. Le spectacle a été mis en scène au dernier festival d’Angoulême. C’est l’histoire d’un musicien mystérieux qui a le pouvoir de voyager dans des dimensions parallèles. Il s’appelle Lemuri.

Vous avez failli visiter la Pologne deux fois, mais finalement cela n'est jamais arrivé. Comme on dit, "la troisième fois sera la bonne". Alors, j'espère que nous vous verrons bientôt...

J’ai vraiment envie de rencontrer les lecteurs polonais, je sais que c'est un peuple très chaud et hospitalier, un peu comme nous les Italiens. J’espère qu'il y aura bientôt l’occasion d’aller en Pologne. Mais mon planning de travail est toujours vraiment débordant… à l’exception de celui d’astronaute :-)

Merci pour l'interview!


On peux trouver la version polonaise ici.

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